Twitter et la redynamisation de la culture autochtone pour favoriser le mieux-être des jeunes Autochtones

Création de communautés en ligne sûres

Photo : © Institut d’études pédagogiques de l’Ontario, University of Toronto

Les jeunes Autochtones se servent davantage des médias sociaux que d’autres jeunes au Canada. En raison de facteurs d’ordre systémique allant du racisme à la transmission intergénérationnelle des traumatismes, et en passant par les défis associés au manque de services de santé et de services sociaux dans les communautés éloignées, le taux de troubles de santé mentale chez ces jeunes, notamment pour ce qui est des tendances suicidaires, est également beaucoup plus élevé que dans la population en général. Bien souvent, on voit des signes avant-coureurs de ces troubles dans les milieux et les plateformes numériques tels que Twitter.

Jeffrey Ansloos, qui fait partie de la Nation crie de Fisher River, a voulu en savoir plus sur la relation entre les médias sociaux et la santé mentale chez les jeunes Autochtones. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la promotion de la vie autochtone et l’action sociale contre le suicide de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario, à l’University of Toronto, il a noué un partenariat avec Twitter grâce à une subvention d’engagement partenarial du CRSH. Ensemble, les deux partenaires se penchent sur des moyens d’améliorer Twitter, non seulement pour ce qui est de réagir quand des personnes sont en situation de crise, mais également pour appuyer des initiatives qui feraient de l’environnement en ligne un endroit plus sûr et plus signifiant pour les jeunes Autochtones.

« Nous voyons bien souvent ces plateformes comme de simples outils et technologies, dit M. Ansloos. Mais il convient davantage d’y voir de véritables espaces où les gens interagissent et entretiennent de vraies relations sociales. Il en découle que d’importantes responsabilités sociales y sont associées, et que nous devons nous employer à conceptualiser ces espaces de façon plus énergique. »

Création de communautés solidaires
Avec son équipe, Jeffrey Ansloos a recours à une méthode qu’il nomme l’ethnographie des mots-clés. Il s’agit de repérer des mots-clés et d’interroger des influenceurs Twitter pour voir comment certaines informations se déplacent en temps réel sur de grandes distances. Grâce à cette méthode, l’équipe peut cartographier les différentes manières dont les troubles de santé mentale sont vécus et exprimés par le truchement des réseaux sociaux autochtones.

Il ressort des recherches que les jeunes Autochtones ont créé des communautés Twitter fort dynamiques portant sur des sujets tels que la revitalisation des langues autochtones, les activités culturelles axées sur les arts et la prévention du suicide. Dans ces communautés en ligne, ils parlent des liens entre les problèmes d’ordre structurel auxquels ils font face et leur santé mentale, et ils s’entraident pour affronter les difficultés. Aussi utiles que puissent être ces initiatives, la nature publique de Twitter fait en sorte que les membres de ces communautés sont ciblés par des personnes et des bots qui répandent des images et du contenu haineux.

« Cet espace est on ne peut plus propice à l’établissement de liens entre les gens, fait remarquer M. Ansloos, mais il peut aussi facilement servir à propager des messages de haine et à faire s’enflammer la communauté en ligne. Nous écoutons donc les jeunes Autochtones qui nous disent ce qui doit changer pour rendre Twitter plus sûr et mieux adapté aux besoins des utilisateurs. »

Un Twitter plus sûr
Le partenariat avec Twitter a permis à M. Ansloos de mieux comprendre les nombreuses variables en arrière-plan qui ont une incidence sur les décisions que prend l’entreprise relativement à ses technologies et à ses politiques. Par conséquent, il est d’avis que ses recherches permettront de formuler des recommandations claires et réalistes pour la gestion des contenus dangereux ou toxiques, auxquelles Twitter pourra donner suite.

« Comprendre comment les conversations en ligne peuvent venir renforcer de saines conversations dans la vraie vie permettra d’accroître la résilience de nos communautés », de dire Michele Austin, chargée des relations avec les gouvernements, des politiques publiques et de la philanthropie chez Twitter Canada. « Nous espérons que ces recherches inciteront les gouvernements, les organismes du secteur privé et les communautés autochtones à travailler ensemble en vue d’offrir de meilleurs services. »

Jeffrey Ansloos partage cet espoir : « Grâce à de meilleures recherches, nous pourrons nous assurer d’avoir les bonnes politiques et les bonnes pratiques pour aider les médias sociaux à véritablement jouer un rôle dans la promotion de la culture et du mieux-être des communautés autochtones. »

Vous voulez en savoir plus?

Suivez ses travaux sur Twitter à @JeffreyAnsloos (en anglais)


Ce récit de recherche a été publié initialement en avril 2019.